24 mars 2007

Un blog institutionnel, pourquoi faire ?

Lorsque tous les membres d'une profession sont passés par la même formation, il y a de fortes chances pour que
  1. ils aient des avis différents, c'est humain.
  2. les principes sur lesquels ils fondent leur réflexion soient communs.
Confrontons par exemple deux discours :
  1. Une journée d'études sur les blogs et wikis en bibliothèques, organisée par l'ADDNB (qu'elle soit ici remerciée), avec le créateur de Bibliopedia pour parler notamment des blogs de bibliothèques et de bibliothécaires. Il rappelle quelques fondamentaux sur les règles à se donner quand une bibliothèque envisage de créer un blog : quel public, quelle ligne éditoriale, quelle régularité, etc. Ce sont des bases, mais mieux vaut les remémorer, ça ne peut pas faire de mal. Il signale aussi que les biblioblogs américains ont une certaine tendance à mélanger vie publique et vie privée.
  2. Un passage à l'Enssib d'une bibliothécaire américaine, qui demande aux DCB16 : "Bien sûr, vous avez tous un blog ?"
Quand un étudiant de l'Enssib normalement constitué pense à créer un blog, il se demande d'abord : "Qu'est-ce que je vais y mettre ?" Ensuite, soit il a une idée de "ligne éditoriale" (ou, plus modestement, de thématique d'ensemble) et il met son impulsion initiale à exécution, soit il n'a pas d'idée et il abandonne en attendant des jours meilleurs. C'est évidemment la même chose pour les bibliothèques.
Il n'est pas nécessaire d'imiter l'attitude de nos collègues américains, mais peut-être serait-il bon de comprendre pourquoi eux créent des blogs : cela nous permettrait de remettre en cause quelques principes "évidents" (quitte à les réaffirmer ensuite).

Si j'ai bien compris, un Américain ne crée pas un blog pour y mettre quelque chose de particulier. Il crée un blog comme on se dote d'un téléphone (fixe ou portable) : généralement, quand on s'abonne à un service téléphonique, on ne se demande jamais au préalable "Qui vais-je bien pouvoir appeler ? Est-ce que j'ai des choses à dire ? Est-ce qu'on va vraiment me téléphoner ? De toute façon personne ne m'aime..." On s'abonne, et c'est tout.
Quand les sites internet de bibliothèques ont commencé à apparaître, il n'y avait généralement pour commencer qu'une page indiquant les horaires d'ouverture, éventuellement les conditions d'inscription et de prêt. Aujourd'hui on y trouve beaucoup d'autres choses : le contenu s'est construit progressivement, mais la création du site elle-même est venue de l'idée qu'il fallait avoir un site internet. Le fait d'avoir un site relevait de l'évidence.
Pour le blog, les Américains en sont à ce stade-là, de même que leur inscription sur MySpace (cf. le billet sur les bibliothèques américaines et MySpace chez Bibliothèques 2.0).

L'utilisation du blog relève de l'évidence pour les Américains. Il relève du choix pour les Français. Une bibliothèque française peut continuer à se demander pourquoi elle devrait faire un blog. Mais elle devrait impérativement se demander au préalable s'il faut absolument une raison. Dès qu'elle aura répondu affirmativement, elle pourra passer aux problèmes secondaires ("Ai-je quelque chose à dire à quelqu'un sous la forme de blog ?").
Mais elle peut aussi estimer finalement comme une bibliothèque américaine que le blog va de soi, et ainsi se dispenser d'une analyse préalable des besoins, des attentes et des motivations nécessaires à la création d'un blog.

Une dernière précision :
On oppose souvent deux usages d'internet, à savoir les outils d'information/documentation d'un côté, les outils de communication de l'autre. Ces usages distinguent les générations : les jeunes se servent d'internet comme outil de communication (MySpace, chat, etc.), les plus âgés (> 25-30 ans) comme outil de documentation.
Les bibliothèques qui tiennent à définir une ligne éditoriale sont clairement du côté de la documentation (c'est leur métier !).
Les bibliothèques américaines me paraissent, du moins à travers leur blog, du côté de la communication. Elles ont d'autres outils pour la doc (portails, opac 2.0, etc.), mais le blog ne relève pas du même objectif.

Tout cela serait à débattre et à discuter, évidemment...

[Ajout ultérieur : l'autre réponse des bibliothécaires américains sur "Pourquoi être sur MySpace ?" est "Parce que nos lecteurs y sont." Il me semble que la proportion d'internautes français utilisant MySpace est bien moindre qu'aux Etats-Unis. Nos usagers prennent plein d'autres habitudes avec un produit bien français que n'ont pas les Américains : Skyblog. Et je n'imagine pas (encore) les bibliothèques sur Skyblog !]

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